Menacée de suspension, TikTok sommé de mieux faire sur le terrain de la désinformation


Menacée de suspension, TikTok sommé de mieux faire sur le terrain de la désinformation

On s’attendait à un rapport cinglant, on a pas été déçu. Comme pressenti, la commission d’enquête sénatoriale sur TikTok a clôturé ses travaux en tirant à boulets rouges contre le populaire réseau social chinois de vidéos. Les deux sénateurs à la manœuvre, le président Mickaël Vallet et le rapporteur Claude Malhuret, préconisent une suspension de l’application aux 22 millions d’utilisateurs français si de sérieux changements ne sont pas opérés par ses équipes.

Les deux élus appellent ainsi Bytedance, la maison-mère de TikTok, à clarifier ses statuts et son actionnariat, à se mettre en conformité avec le règlement européen Digital Services Act, à mettre en place davantage de contrôles et enfin à mieux lutter contre la désinformation. Des critiques qui interviennent quelques mois après d’autres revers pour le réseau social, banni des téléphones des agents de la Commission européenne, du Parlement européen et des fonctionnaires français pour des raisons de cybersécurité et de protection des données personnelles.

 

 

Lutte inefficace contre la désinformation 

Au-delà des questions de cybersécurité - le rapport appelle simplement à élargir l’interdiction de l’application aux personnels d’opérateurs d’importance vitale devant jouer un rôle important en cas de crise -, les deux élus pointent une lutte du réseau social contre la désinformation “inefficace”. Alors qu’il suffirait de 40 minutes sur l’application pour être exposé à des contenus faux sur des sujets d’actualité, seule une fraction des vidéos ont été retirées du réseau social pour ce motif.

L’application est enfin, rappellent-ils, bien moins performante que d’autres réseaux sociaux pour identifier des contenus de désinformation, une tâche automatisée qui est défaillante. A l’automne dernier, Global Witness avait ainsi pointé les mauvais résultats de TikTok, qui avait approuvé 90% des publicités contenant des informations électorales fausses et trompeuses créées par l’ONG.

600 modérateurs francophones

“TikTok entretient le flou sur les moyens humains dédiés à la lutte contre les fausses informations”, estiment en outre les sénateurs, emboîtant donc le pas de l’Arcom, qui avait épinglé à l’automne dernier le réseau social sur son opacité. “Seul le chiffre des effectifs mondiaux Trust and Safety (40 000) est communiqué, incluant toutes les équipes dédiées à la sécurité des contenus”, ajoutent les élus, qui rapportent qu’il y aurait plus de 600 modérateurs francophones.

Les équipes de modération de la version chinoise de l’application savent pourtant être très vigilantes quand il s’agit de réduire la visibilité des incidents de la place Tiananmen, l’indépendance du Tibet ou le groupe religieux Falun Gong, avait révélé il y a quatre ans le quotidien britannique The Guardian. Même réactivité inquiétante l’an dernier après l’invasion russe de l’Ukraine: TikTok avait alors banni “soudainement” tout contenu international pour les utilisateurs russes. “Cet événement fait craindre que, dans les moments critiques, la plateforme ne soit utilisée à des fins de désinformation massive défavorable aux ‘compétiteurs stratégiques’ de la Chine”, en concluent les sénateurs.



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Catégorie article Technologies

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